Tout le long de son existence, l’homme se déplace de poème en poème. À peine en a-t-il quitté un qu’il cherche à rejoindre le prochain, c’est-à-dire cet état particulier où l’individu se sent au mieux de lui-même, au plus profond, capable même de bonheur. Mais parce que la planète tourne, rien n’est acquis définitivement et cet état n’a pas la particularité de durer. Comme il nous a absorbés, le poème nous régurgite, nous écarte de sa protection pour nous convier à avancer jusqu’au prochain.
Nous n’avons pas à faire à un texte dramatique mais plus sûrement à une matière textuelle, de la poésie, dont la dramaturgie se situe dans le voyage, le cheminement. Et pour le rendre « spectaculaire », artistiquement vivant, nous avons pensé à un véhicule approprié à sa densité : le cerf-volant. Le cerf-volant nécessite d’être amarré pour voler et c’est ce que nous avons tenté de reproduire, cette relation entre le réel et l’imaginaire, cette tension. Amener la métaphore au niveau du sol pour la rendre concrète et tracer alors dans l’espace la distance qui nous sépare du prochain poème, par touches successives, comme on met un pied devant l’autre. Techniquement, c’est simple : une table, un écran, des photos (diaporama : grosse technologie !), tableau, ustensiles, appareillages, outils, matière, matériaux, planches, briques, plâtre, clous et toute cette sorte de processus qui bâtit une bonne partie de notre chère réalité.
La musique dans notre système métaphorique s’apparente au vent. Une énergie déterminante dans la navigation aérienne et l’imaginaire. C’est pourquoi nous l’avons convié en direct sur le plateau (violoncelle). Elle n’est pas là pour enrober le paquet mais plutôt comme une énergie organique entre le sol et la nécessité de rêver. Nourrie par les mots et les doigts dans la prise !
Une fois n’est presque pas coutume, nous avons voulu sur le plateau celui qu’on ne voit généralement pas : l’auteur. C’est assez finement joué puisque n’étant pas mort celui-là pourra se déplacer sans qu’on le transporte. Pratique. Et puisqu’il a un corps en mouvement, capable d’actions supposons-le, ce sera l’occasion de rendre concret ce qu’il prétend nous faire avaler habituellement sans se mouiller : son écriture ! Une manière de prendre appui sur l’origine du chemin et de jeter des perspectives vers le prochain poème.
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Auteur : Jean Cagnard, édité aux Editions Espaces 34 Metteur en scène : Catherine Vasseur, Jean Cagnard Interprètes : Jean Cagnard, Julie Läderach (violoncelle), Catherine Vasseur Lumières : Nanouk Marty Scénographie : Cécile Marc Son : Loïc Lachaize Administration : Les Petits papiers Accompagnement de projet : Paul-Marie Plaideau Compagnie 1057 roses06 10 02 20 40 production@1057roses.com www.1057roses.com
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