Un banc, un homme chantonne, rêve, fantasme. Le Gueux, l’homme de la rue. Ses invectives, adressées à tous, le sauvent du délabrement. Avec recul et dérision, avec certitude, il parle avec lucidité, tendresse et ironie, avec provocation aussi. Il partage ses rêves et ses colères. Amusé et surtout pas dupe. Diogène et son tonneau, Don Quijote pris de folie pour combler la misère de sa condition humaine, les clochards de Beckett, Boudu sauvé des eaux, les va-nu-pieds de Villon, ceux de la route de Gaston Couté, ceux de la rue de Jehan-Rictus… Ils sont légion, depuis la nuit des temps, à hanter notre confort, le confort d’une certaine humanité aujourd’hui sclérosée dans une société consumériste. Personnages de littérature, ils sont néanmoins ancrés dans une réalité dure et froide, sans complaisance, souvent sans espoir aucun. Nous les croisons encore tous les jours. Les mots piquants, touchants, des textes des "Jolies Loques", racontent la vie et dépeignent les caractères des gens de la rue à la « Belle époque ». Ils restent d’une actualité mordante. Une écriture, une gouaille, un parler-de-la-rue mâtiné d’argot, qui rendent sa voix chaleureuse, chantée, colorée, fraternelle. Le musicien des rues, l’accordéoniste, le soutient, l’accompagne. La musique, inspirée de chansons populaires de la fin du XIXème siècle, offre des respirations, établit un dialogue – avec discrétion, de loin en loin. Affirmant ainsi une fraternité fidèle et sans faille, entre les deux personnages, entre la musique et les mots. Soliloques d’un conteur en jolies loques. « Faire enfin dire quelque chose à Quelqu’un qui serait le Pauvre, ce bon Pauvre dont tout le monde parle et qui se tait toujours. Voilà ce que j’ai tenté » Jehan-Rictus, 1897.
Durée du spectacle : une heure
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