C’est un instituteur, vivant dans une petite bourgade russe au siècle dernier, ami d’une jeune et riche veuve. Cet anti-héros, qui n’a pas réalisé les ambitions qu’on lui prêtait, bavarde, plaisante, se soûle, provoque des scandales, courtise des femmes, est courtisé par elles, trompe son épouse, éprouve des remords, s’interroge sur le sens de sa vie... Platonov parle de la jeunesse. Il ne parle pas de ses illusions et de ses idéaux mais déjà de sa déconfiture. Tous sont vieux avant l’âge. Les corps sont souples, les passions déjà menacées. De là, la crainte de l’assèchement et la panique de l’ennui, d’où naît un humour acide. Ce gâchis devient drôle… Platonov fascine parce qu’il est déchu de son image première. Il mesure avec lucidité l’écart entre l’attente qu’il suscitait et l’état où il se trouve. Il n’en reste pas moins un révolté. Il dérange et excède ses proches. Par le désaveu de soi, Platonov s’échappe de la médiocrité ambiante et sauvegarde sa posture de résistant. « Je suis une cloche et vous êtes une cloche, la différence est que je me sonne moi-même, alors que vous ce sont les autres. »
 

Machine Théâtre est un « un chœur de solistes » qui souhaite promouvoir les œuvres en cherchant au plus près comment et pourquoi les servir. N’ayant de cesse de vouloir convoquer l’humain et l’émotion sur scène. Ils décident pour cela de mettre le « jeu » au centre de leurs préoccupations. Attachés à la relation au verbe, il leur faut traquer, creuser, saisir la pensée de l’auteur afin de la faire résonner au plus concret et au plus juste. Appliquée à l’artisanat et à l’exigence de la répétition, Machine Théâtre aiguise son obsession des rapports humains et de l’histoire des êtres.

Durée du spectacle : 3h30

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