Dans "L’augmentation", Georges Perec imagine un drôle de jeu de l'oie théâtral : le parcours kafkaïen d’un employé en quête d’une augmentation. Dans cette histoire, cette "épopée immobile", une vie passe toute entière en un souffle. La vie d’un pion qui évolue, geste par geste, de case en case, de bureaux en couloirs, de portes fermées en portes entrouvertes... Avancer, progresser, recommencer, avancer, progresser... Notre but, votre but : obtenir une augmentation de salaire. L’accomplissement ultime. Mais le temps passe, la course est folle, "l'entreprise qui vous emploie" devient "la vaste organisation dont vous n'êtes qu'un pion minuscule", et nous voilà déjà vieux. Dépêchons-nous.

Cette augmentation, métaphorique, nous renvoie à nos propres quêtes, nos propres courses - l’augmentation de salaire comme métaphore triviale de nos espoirs individuels : courir pour plus d’argent, plus de conquêtes, plus de reconnaissance, plus de pouvoir... La vie devient un sablier, le laps de temps qui nous est donné pour accomplir notre but. Nous sommes d’endurants (et comiques) coureurs de fond : on s’accroche, on se rélève, on accélère, on y est presque, allez, il y a toujours une bonne raison d'y croire - encore un peu. Alors quand, sans crier gare, le comique de la situation se fissure, apparait la question, banale et vertigineuse : mais à quoi donc employons nous notre existence ?

Un seul comédien interprète le texte, se promenant joyeusement, au gré de la musique des mots, dans un labyrinthe mental, intime et fiévreux, où quotidienneté et fantasmes s'entrelacent.

Prochaines représentations