Installation théâtrale, moulin à paroles, oratorio-solo : le puzzle de la vie d’un village par les voix croisées de ceux qui ne sont plus (un comédien, trente-deux personnages et des poussières...)
Dans La Mastication, l’auteur Patrick Kermann dresse la chronique d’un village imaginaire en donnant la parole aux habitants du cimetière communal. Ce ne sont pas des fantômes effrayants et sinistres, mais les figures bien vives d’un passé encore proche. Ils sont la mémoire du village, et la mémoire d’une société, d’un monde et de ses mutations. Lorsqu’ils prennent la parole, c’est pour témoigner d’une vie passée au village, dire ce que fut leur passage ici-bas, régler leurs comptes avec famille, voisins, épouses, amants, veaux, vaches, couvées. Implorer ou rabrouer, pleurnicher ou dénoncer, s’aimer ou se chamailler encore un peu. Raconter. Dire les désirs qui jamais ne s’éteignent. Rectifier. Avouer.
[ Anonyme anonyme vite dit anonyme_ Anonyme, 1954 ]
L’accident de solex du père Larguit, la triste histoire de Christine Letourneux, les cocasses figures féminines de la dynastie Bigot... Patrick Kermann a imaginé, pour son « petit peuple de l’ombre », un oratorio in progress : les témoignages se croisent et se répondent, les points de vue se multiplient sur les micro- évènements de la vie locale comme sur la Grande Histoire, et les confidences individuelles révèlent petit à petit la vie d’une communauté. Affleure alors tranquillement la douce absurdité de la vie, ce petit temps qui nous est donné, si important, si dérisoire.
La Vaste Entreprise propose une installation théâtrale, moulin à paroles, oratorio-solo : un seul comédien s’empare de tous ces personnages…
[ Oh, pourriez pas vous taire un peu, y’en a qui dorment._ Louisa Grangeon, 1919-1965 ]
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