Suite au duo qui nous a été commandé par La Verrerie d'Alès / PNC-LR, et qui s’inscrit donc en préfiguration de ce projet, je veux travailler sur la dimension artisanale de notre métier d’artiste. La petite tournée audoise du duo nous a permis de tester le montage/démontage de la structure-manège, et d’aborder le moment du spectacle, non plus seulement comme un acte artistique « sacré », mais aussi comme une monstration foraine (la scénographie du manège), où nous jouions un savoir faire à la demande comme un entresort. Le côté routinier de la démarche (montage/jeu/démontage), l’exactitude des mouvements, la gestion du temps, renforcent l’assurance de ce qui est proposé. Comme si nous étions devenus les sujets humains articulés du manège.
Avec ces mots, certains pourraient croire que j’en arrive à proposer une matière classique, traditionnelle ! D’autres prennent leur pied, moi j’aime prendre mon contre-pied ! À l’heure où le quotidien, habité de ses technologies, avance à toute vitesse, il m’apparaît comme une évidence de ne pas recourir à ces mêmes outils pour le dénoncer ou le sublimer ; mais, au contraire, reprendre un rythme, oublié pour certains, inconnu pour les plus jeunes.
D’un point de vue technique, après avoir abordé des disciplines non traditionnelles de cirque, comme le skate, cerf-volant, etc., et avec des interprètes non-issus du spectacle, j’ai envie, là aussi, de me faire un contre-pied de nez ; de travailler « avec-des-artistes-de-cirque-expérimentés-de-technique-traditionnelle-acrobatique-et-aérienne ! »... du cadre. En tant qu’artiste, cela me paraît la seule et humble prise de risque que de repartir en terrain inconnu : de la même manière que de passer d’un solo à un spectacle à cinq, et d’interprètes non-professionnels à des artistes confirmés.
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