Plusieurs médias régionaux et spécialisés ont relayés l’information. La Lettre du Spectacle du 2 mars a fait état des politiques régionales et a consacré un encart à l’observation culturelle en région. Voici quelques extraits d’articles :


Midi Libre, vendredi 9 février 2007
Séminaire Le monde culturel se penche sur lui-même

A l’initiative de la DRAC et de la Région, Réseau en scène, Languedoc-Roussillon et l’Observatoire des politiques culturelles ont en effet organisé un vaste séminaire à l’attention de tous les acteurs culturels et artistiques, ainsi que des élus et de leurs cadres concernés. (…)

En marge des réflexions et des débats, le directeur de Réseau en scène, Pascal Champlon, ne cache évidemment pas sa satisfaction de voir cette manifestation (qu’il co-organise) aussi suivie : “Plus de 400 personnes, acteurs culturels et élus, de premier plan et de tout le territoire, sont présentes. Il ne s’agit pas d’une présence de complaisance, les gens ne sont pas venus que pour écouter mais aussi pour réfléchir, débattre, échanger…”. bref, le nombre non seulement fait sens, mais la qualité et l’engagement d’icelui, également. Signe, pourra-t-on penser, que ce rendez-vous professionnel est une réussite et qu’il invite surtout à un semblant d’optimisme au sujet d’un secteur (en gros : “la culture subventionnée”)que d’aucuns ne craignent pas de juger condamné…

“Un séminaire comme celui-ci est un pas extrêmement important, assure Emmanuel Négrier, chercheur au CNRS et coordinateur scientifique du rapport de l’étude sur la création et la diffusion du spectacle vivant en LR. Le succès de ces rencontres est un signe que le gant peut être relevé, poursuit-il. Le secteur culturel a quitté l’état d’étourdissement qui a suivi la crise de l’intermittence, il est aujourd’hui dans une phase de reconstruction (qui ne se fera sans doute pas sans victimes).”

Justement, que révèlent les études ? “Le grand public, qui voit la culture comme un seul bloc, n’a sans doute pas conscience de la complexité du système, souligne, avant toute chose, le directeur de l’Observatoire des politiques culturelles, Jean-Pierre Saez. Or, il est composite, diversifié, complexe, fait de micro-entreprises et de métiers. D’où la nécessité d’une observation la plus fine.”

Concrètement, le spectacle vivant représente le tiers des dépenses publiques culturelles dans la région (75 M€ en 2002). Un financement inégalement réparti sur le territoire (plus de 40% de la dépense est le seul fait de Montpellier et de son agglomération) et dans les domaines de la création (loin en tête, la musique). En revanche, les études notent la faiblesse des moyens consacrés à la création proprement dite, ainsi que la modestie du nombre de représentations des spectacles créés par les équipes régionales. Sur ce dernier point, le région ferait, du moins en matière théâtrale, deux fois moins bien que la moyenne nationale…

“Le Languedoc-Roussillon fait face à deux défis, avance Emmanuel Négrier. D’une part, la mobilisation réelle de toutes les collectivités publiques pour une stratégie concertée en matière de spectacle vivant. D’autre part, puisque les financements privilégient nettement l’aide aux lieux, la responsabilisation de ceux-ci vis-à-vis de la création et de la diffusion en région.” Et d’ajouter : “Une responsabilisation qui méritera sans doute d’être cadrée, voire régulée.” Une piste, parmi d’autres, encore aujourd’hui.

Jérémie Bernède

 

L’Hérault du Jour, vendredi 9 février 2007
Crise et précarité confirmées

(…) Si le budget culturel de la Région, 3ème de France, est “vecteur de rayonnement” précise Georges Frêche, il existe des spécificités et des contradictions moins glorieuses. A commencer par cette pertinente question de la consultante Claude Vauclare : “Pourquoi un tel dynamisme et un tel foisonnement entraînent une telle précarité ?”.

L’emploi et l’économie du secteur sont soumis à une nette précarisation : peu de salariés permanents, règne du CDD et faibles revenus. Depuis 2003, le nombre d’intermittents a baissé de 20% contre 12% sur le plan national. 895 d’entre eux ont été exclus du système, 455 repêchés par le fonds transitoire et 440 se sont évanouis dans la nature. Sur 7000 inscrits à l’ANPE, 3000 sont indemnisés par les Assedic, soit 4000 précaires. Quant à la concurrence sur un marché du travail de plus en plus visité : “féroce”.

Les structures de moins de 10 salariés (95% des entreprises culturelles régionales) se multiplient pour “compenser la déficience des secteurs commerçants”. Des entreprises fragiles qui tentent de palier les vides. “Les équipes artistiques montent ces structures pour vendre des spectacles et générer de l’emploi”, relate Cathie Guerre pour qui “l’argent est le nerf de la guerre”.

Concernant la création et la diffusion des spectacles, les analyses rapportées par Emmanuel Négrier (…) ne sont par plus réjouissantes. Les priorités des collectivités divergent et manquent de synergie. “L’accélération des inégalités territoriales est phénoménale”, Montpellier, l’Hérault et le Gard étant les mieux lotis. La disparité des financements public est criante, une “logique de star system pour les compagnies” s’installe et de grosses machines festivalières s’accaparent une forte part des budgets.

La diffusion dans la région est deux fois plus faible que la moyenne française avec un taux de 1,57 représentations par spectacle. On monte une pièce, on joue une ou deux fois, on passe à autre chose. Enfin, “une compagnie reçoit en moyenne 144% de ses ressources en aide à la production. Comment crée-t-on en région ? En se débrouillant, en puisant dans ses fonds propres” assène Emmanuel Négrier.

Il faudra observer comment le relevé de chapelet de malaises peut se transformer en solutions durables. Question à l’ordre de ce deuxième jour à Grammont.

Anne Leray